C'est nickel
La matière première qui fait la richesse de la Nouvelle Calédonie, c'est le nickel. Vous en avez partout autour de vous, notamment dans l'acier inoxidable et vos bijoux. Ce minerai est présent dans de nombreux massifs sur tout le territoire. Le minerai est présent dans une faible proportion dans la terre ( 2%, et moins), il faut donc traiter la terre pour en extraire le minerai avec lequel on fera les alliages de métaux. On distingue des grandes compagnies et les petits mineurs.
Les grandes compagnies sont souvent aussi des industriels: la plus ancienne, la SLN (Société Le Nickel- groupe Eramet) extrait le minerai et le rafine dans son usine, située dans Nouméa. Le projet Goro Nickel (Inco) qui est en cours, voit la construction d'une usine de traitement du nickel dans le Sud du territoire. Enfin, la SMSP (vendue par M. Lafleur à la province Nord dans le cadre des accords de rééquilibrage) a conclu un accord avec les Coréens de Posco pour la construction d'une usine de traitement dans le Nord du territoire. Ces entreprises créent beaucoup d'emplois au niveau local. Leur besoin de main d'oeuvre est tel qu'on fait appel à des travailleurs extérieurs (métropolitains, mais aussi étrangers). Il existe aussi une certains méfiance quand aux risques pour l'environnement. Rien que la construction des usines et des ports nécessite beaucoup d'espace pris sur la nature, et ensuite le procédé industriel et ses rejets.
Il existe aussi des petites entreprises, que l'on nomme ici les petits mineurs, dont celle pour laquelle je travaille. Ces petits mineurs ne font que de l'extraction. Le minerai non raffiné, donc la terre, est vendu, soit localement, soit à des acheteurs étrangers. Le minerai est acheminé par bateau minéralier jusqu'aux usines de traitement soit ici à La SLN, soit au Japon, en Australie ou en Chine.
Voici deux mines. Rien à voir avec les mines de charbon. Ici, on "décape" les montagne, on ne creuse pas le sous sol, il n'y a pas de "gueules noires". Le travail est mécanique : les engins miniers taillent et les camions transportent le minerai.
Une chargeuse sur roue (eh oui, je deviens une experte en engins !)
Là où c'est vert, c'est une variété de nickel: de la garniérite, ou saprolite, c'est du minerai "riche", à + de 2% de concentration. On en extrait le nickel en le chauffant à 2000 °C dans un four: c'est le procédé de fusion (usine de la SLN et la future usine du Nord) C'est un procédé ancien, trés gourmand en énergie. On importe du charbon pour faire fonctionner l'usine... c'est pas top niveau "développement durable"...
Il existe d'autres sortes de nickel, dont la latérite, ou minerai pauvre (moins de 2%), de couleur jaune. Jusqu'à il y a peu, on ne savait pas valoriser ce type de minerai. Un nouveau procédé, utilisant l'acide sulfurique, dit procédé "hydrométallurgique" a été mis au point. Il sera utilisé pour l'usine du Sud. Ce sont ses futurs rejets qui inquiètent les associations de protection de l'environnement.
Le minerai est d'abord entassé en bord de mer. Lorsque le stock est suffisant, il est chargé sur un bateau minéralier. Deux moyens de chargement : le tapis roulant ou les camions déversent le minerai dans des barges qui sont remorquées jusqu'au bateau minéralier. Le minerai est alors transféré à bord à l'aide de grues embarquées. Un petit bateau minéralier (20 000 tonnes) est chargé en 2 à 3 jours. Un gros bateau (50 000 tonnes) est chargé en 9 jours, sauf imprévu. Le ballet des camions, des bateaux et des grues est trés impressionnant.
Là, c'est une présentation rapide. Il y a aussi tout l'aspect prospection, géologie, laboratoire, gestion des eaux, revégétalisation. Ca fera peut être l'objet d'autres messages.