Destin commun, je te vois ! *
* Merci aux Nouvelles Calédoniennes pour cet excellent commentaire du dessin illustrant les evenements de ces derniers jours à AirCal.
L'USTKE, (Union syndicale et travailleurs kanaks et des exploités) fait grève à Air Calédonie depuis le 17 mars. Ce syndicat voulait que la compagnie aérienne locale, Air Calédonie, AirCal pour les intimes, réintègre une jeune salariée dont le CDD n'avait pas été renouvelé. Le motif étant que cette personne avait rompu une règle de confidentialité intangible dans l'aérien: elle a révélé le nom d'un passager. (Il s'est avéré plus tard que ce passager était son père et qu'il voyageait avec sa maîtresse, ce qui a légèrement agacé sa maman, hem.)
Le poste de la jeune salariée est repris par une salariée en CDI, calédonienne, qui était au terme de son congé sabatique. La Direction d'AirCal refuse de plier aux exigences du syndicat et le conflit s'installe dans la durée. L'enregistrement des passagers est fortement perturbé à Magenta et à Ouvéa.
L'USTKE installe un piquet de grève à l'entrée de l'aérogare. On peut y lire des banderolles avec des messages insultants, racistes, notamment à l'encontre du Directeur général William Ihagé et du DRH, Olivier Testemalle. Le 30 mars, William Ihagé, lassé d'être insulté par les siens, donne sa démission. Pourquoi un directeur Kanak ne devrait-il employer que des Kanaks ? Mi avril, les usagers d'airCal montent une contre-manifestation et affichent leur soutien à Ihagé.
Il faut dire aussi que tout se passe dans un contexte d'élections provinciales. L'USTKE étant, par le biais de son parti travailliste, candidat aux Loyautés, contre le LKS, présidé par Nidoish Naisseline, Président du Conseil d'Administration d'AirCal.
Le 19 mai, Les forces de l'ordre font dégager les abords de l'aérogare et les banderolles déménagent sur le rond point. On peut voir les photos sur le blog de Bob. Dans un soucis d'apaisement et pour assurer la continuité du service aérien vers les îles, la Direction d'airCal accepte de négocier un compromis et il est convenu de trouver un emploi à la personne dont le CDD s'était achevé, mais pas à AirCal.
L'USTKE revendique maintenant le paiement des jours de grèves, soit environ 2 mois pour 50 militants. Son président, Gérard Jodar promet l'enfer à AirCal. c'est chose faite depuis jeudi.
Ce jeudi 28 mai, une centaine de militants de l'ustke ont investi l'enceinte de l'aérogrome de Magenta vers 4h du matin, ils ont mis le feu à des pneus sur toutes les routes d'accès à l'aérodrome. Les forces de l'ordre sont rapidement arrivées pour les en déloger, le haussaire, Yves Dassonville, souhaitant faire reprendre rapidement le service aérien vers les îles. Les affrontements ont duré quelques heures. Grenades lacrymogènes, grenades assourdissantes ont réussi a disperser une partie des assaillants, qui se sont regroupés ensuite au siège du syndicat, à la vallée du tir. *à noter, 3 militaires et policiers ont été blessés, mais on ne compte aucune victime chez les militants.
Trente d'entre eux sont entrés dans les avions stationnés sur le Tarmac, dont Gérard Jodar. Après de courtes négociations, le syndicaliste sort de l'avion. Il n'y a pas eu d'action militaire et il n'est pas menotté. Saluons encore l'esprit d'apaisement chez les forces de l'ordre. Aux etats-unis, en Russie et en Chine, on aurait traité autrement ces terroristes. Oui, j'ai utilisé ce mot intentionnellement et il n'est pas trop fort.
(Photos enlevées pour cause de "droit au respect de la vie privée")
Le Nedex a retrouvé une bombe artisanale dans un des avions. Du papier journal avait été placé consciencieusement autour des pneus, dans le but d'y mettre le feu. Les militants ont essayé de pousser le Dornier sur les forces de l'ordre, ils ont forcé le frein de parc et enlevé la barre de traction. ils ont touché aux tableaux de bord. L'ATR d'Air Tahiti a été particulièrement abîmé. Des gens sont montés et ont sauté sur les ailes. Les manettes des moteurs ont été bougées. Il faut maintenant procéder à des vérifications particulières. Cet avion ne volera pas avant jeudi, soit une semaine d'immobilisation. Quel sera le coùt de ces actes de vandalisme ? Qui va payer ? Que pensent les gens des îles de tout ça ?
Il faut noter qu'au plus fort des évênements, personne n'avait touché aux avions. (Sauf à Ouvéa, où un avion avait été pris en otage quelques semaines). Que cherche Gérard Jodar ? A attiser la haine ? A réveiller les souvenirs ? A pourrir le destin commun ? En aucun cas il ne s'agit de syndicalisme. Le syndicalisme, ce n'est pas ça.
La trentaine de militants a été placée en garde à vue et devrait être jugée en comparution imédiate dés mardi. Une peine de prison ferme devrait le faire passer pour un martyr...
Il n'y a pas eu de vol toute la journée du jeudi et la matinée de vendredi. Les équipes techniques d'AirCal mettant tout en oeuvre pour vérifier les avions et mettre en place un programme de vol spécial pour faire partir les 3000 passagers en attente dans les îles et à Magenta. Mais, avec 3 avions au tas (Le Dornier, l'ATR d'Air Tahiti et l'ATR 72 avec un problème technique non résolu) et 1 avion parti faire la rotation sur Norfolk, il ne restait qu'un seul ATR pour assurer les vols.
La compagnie avait mis en place des listes de passagers en fonction des impératifs. Donc dans les premiers vols, seuls les touristes ayant une correspondance avec un vol international étaient programmés. Mais à Ouvéa, cela ne s'est pas passé comme prévu. Les syndicalistes d'Ouvéa ont refusé de faire monter les touristes et ont exigé que la compagnie transporte en priorité les locaux. Lamentable. Après cet incident, AirCal a indiqué ne plus desservir cette destination. Certains touristes ont pu être "évacués" par l'affrêtement d'avions d'autres petites compagnies, mais d'autres y sont restés depuis mercredi.... Ils se souviendront longtemps de leur séjour sur l'île la plus proche du paradis.
à lire aussi : le blog de Franck. Les esprits s'échauffent, c'est le signe que Jodar a atteint son but, non ?