Un pas en avant... un pas en arrière

L'actualité du caillou est riche ces derniers jours. La venue du premier ministre François Fillon en Nouvelle Calédonie à l'occasion de l'officialisation de la levée des deux drapeaux mérite qu'on s'y penche. Les accords de Nouméa, en 1998, consacrent l'obligation de définir des signes identitaires : hymne, graphisme de la monnaie et drapeau. Nous sommes en 2010 et peu de choses ont avancé. Dans l'attente, le congrès de la Nouvelle Calédonie a émis une idée : la levée des deux drapeaux : français et FLNKS au fronton des bâtiments officiels.

En résumé, le FLNKS (Front de Libération Nationale Kanake Socialiste) a été créé en septembre 1984. Il rassemble les partis indépendantistes, dont l'Union calédonienne, le Palika, l'UPM. Il a été présidé par Jean Marie Tjibaou, Paul Néaoutine, Rock Wamytan. En novembre 1984, le boycott des élections par le FLNKS est le point de départ des "événements" qui voient violemment s'opposer les indépendantistes et les loyalistes. La sanglante prise d'otage d'Ouvéa en mai 1988 marque en même temps l'apothéose de la violence et l'apaisement, avec la signature des Accords de Matignon (Jacques Lafleur, Jean Marie Tjibaou et Michel Rocard).

Le fameux drapeau est donc un symbole fort, différemment "apprécié" en fonction des opinions de chacun.

Le temps ayant fait son oeuvre, le drapeau est plus généralement considéré comme le drapeau du peuple kanak (attention, je simplifie volontairement, c'est beaucoup plus compliqué en réalité). Il est d'ailleurs depuis longtemps au fronton des administrations en Province Nord.

A l'extrémité sud de la Grande Terre, d'autres évènements graves se passent dans une indifférence générale. Une famille a dû partir de la tribu dans laquelle elle était installée depuis 3 générations. Un conflit au sujet de la nomination du nouveau chef coutumier. Cette famille, qui représente près d'un tiers des habitants de la tribu, dont l'aïeul était originaire des Loyauté a donc été obligée de quitter tout ses biens: maisons, champs. Ils sont actuellement dans un campement de fortune, les enfants sont déscolarisés. Au nom de quoi ? Mais où sont les droits de l'homme ? La démocratie ? Dans d'autres pays les déplacements forcés de population sont des crimes (Serbes contre Croates, Palestiniens contre Juifs, Hutu contre Tutsis.) Les déplacements de population ne sont pas nouveaux en Calédonie, des familles de wallisiens ont été déplacées de Saint Louis (Ave Maria) à cause d'un conflit avec des familles mélanésiennes, une famille de kanak a également été expulsée de sa tribu, dans le nord, l'année dernière, pour un conflit coutumier.

La situation de droit est complexe en calédonie; La juxtaposition du droit civil (écrit) et du droit coutumier (oral) donne parfois lieu à des situations invraisemblables. La volonté de l'Etat de maintenir la paix civile est louable, mais il faut quand même poser des limites, non ?

Un pas en avant dans l'acceptation d'un destin commun...

Un pas en arrière dans le respect de l'état de droit...